EXTRAIT DE « MIRA CETI »
Je passai le reste de l’après-midi à me balader dans la ville, me perdant dans le labyrinthe tortueux de la médina, évitant le Petit Socco et ses centaines de touristes, préférant marcher le long des remparts, le visage fouetté par le vent tiède qui venait des montagnes. Devant le choc des couleurs qui m’entouraient, je pensai à Matisse et que quelques mois auparavant j’en aurais tiré des tableaux, de tout ça. Mais c’était fini maintenant. J’avais tourné le dos à la peinture pour toujours en montant sur la passerelle du cargo, j’avais fait un vœu et j’allais le tenir… Non, plus de pinceaux, de toiles 240 x 240, plus de térébenthine, plus rien du tout, sinon le souvenir fêlé d’une erreur de jeunesse, de ma jeunesse, pas encore finie et pourtant déjà foutue… Plus jamais de peinture, me répétai-je devant ces couleurs magnifiques, plus jamais, plus jamais ! Et peut-être était-ce mieux ainsi, après tout… Pour May… Pour Matisse… Et puis pour moi, tout simplement. Pour moi.