OEUVRE EN COUVERTURE
D’ “ILS ÉTAIENT DE L’EST”,
par Julien Thèves :
“Ils étaient de l’Est”
par © Hélène Avérous (2024)
Liens de l’artiste :
Instagram :
Site web : https://www.heleneaverous.com/
“ILS ÉTAIENT DE L’EST”, de Julien Thèves
PARUTION LE 28 MARS 2025
Disponible auprès de votre librairie :
https://linktr.ee/Ils_etaient_de_l_Est
Les années 1980, dans l’Est. Julien Thèves se souvient de son enfance où il se rend chaque été chez ses grands-parents paternels, en Moselle, et ses grands-parents maternels, dans les vallées vosgiennes aux forêts profondes. Souvenirs d’un sourire, d’un geste, d’un sentiment. Souvenirs qui demeurent alors que l’auteur retourne en Lorraine, en 2020, à l’occasion d’une résidence littéraire, et se remémore l’enchantement que lui procure l’évocation de ses grands-parents.
Avec Ils étaient de l’Est, son nouveau roman, Julien Thèves évoque les souvenirs pour livrer une profonde contemplation de l’intime. Du passé au présent, l’auteur explore le flux de la pensée pour écrire l’expérience du temps. Les mots tentent de faire revivre les absents d’un monde révolu, miroir de notre époque qui questionne notre propre histoire et le temps qui passe.
Lecture par Julien Thèves d’un extrait d’ Ils étaient de l’Est à l’occasion de sa dédicace à la libraire À L’Ouest, à Paris, le 2 avril 2025.
EXTRAIT
« Ils étaient de l’Est.
L’Est, c’était toujours le Nord-Est, pas le Sud-Est, à mes yeux, à mes oreilles d’enfant, entendre toujours « dans l’Est », « on montera dans l’Est », manquait de précision, « cet été on va dans l’Est », je me demandais pourquoi ce n’était pas Nice, ou Lyon – et toujours la Moselle, ou les Vosges, là-haut, dans l’angle nord-est, à l’autre bout de ce Sud-Ouest, où nous vivions.
Nous, nous ne vivions pas dans le Sud, mais dans le Sud-Ouest.
Eux, ils vivaient dans l’Est, contre toute logique, et pour toujours, ce n’était pas le Nord et ses corons, ni le Sud aux terrasses ensoleillées, aux platanes alignés, c’était l’Est aux routes verglacées, aux forêts profondes, à l’alcool fort et aux accents puissants, mélangés, l’ombre de l’Allemagne et de la grande histoire, l’Est salé et piquant, et gris, et triste aussi, et vaste. Un bout du monde, un monde dont on venait.
Et où l’on retournait tous les étés.
Enfance, traversée de la France par les petites routes, Guéret, Montluçon, Moulins, où ma mère avait eu son premier poste, en 68, elle qui venait de l’Est.
C’étaient les routes longues, la journée de voiture, les cassettes qu’on retourne, Brel et Brassens incessants dans l’habitacle, la nuit qui tombe, l’approche de la Haute-Saône, plate et perfectible, nous étions dans l’Est.
Ces vallées vosgiennes, écrasées de chaleur, tuées d’ombre, assombries par la nuit, arrosées de pluie.
Plus haut, plus loin, c’était l’Est encore, le département de la Moselle.
Le pays de mon père.
Si tant est qu’il ait eu un pays, lui qui courait tout le temps, qui ne montrait aucun attachement, c’était là.
Abandonnant la vallée vosgienne, où nous restions tout l’été, pour quelques jours nous partions là-bas, je ne sais si nous montions ou nous descendions – de toute façon, nous étions dans l’Est, Vosges ou Moselle, 88 ou 57, tout ça c’était la même chose –, nous suivions l’autoroute, dépassions Épinal, l’usine Thiriet, qui fabriquait des glaces, on montait, on piquait vers le nord, les vallées vosgiennes laissaient place à un paysage, que je dirais indistinct aujourd’hui, sans caractère, nous doublions la porte des Allemands, c’était Metz déjà, et puis le village de mes grands-parents, les parents du père, qui restaient là, petite ville de B. – eux vivaient à l’écart, dans une résidence ou une cité, ces deux mots sont conjoints, un ensemble de bâtiments petits (trois étages au plus), avec l’odeur de frais de l’escalier, une odeur qui me marque à jamais. Et le vol des chauves-souris l’été, à la nuit tombée, près des agrès, du parc à ours ou de cette espèce de machin arrondi sur lequel grimper, ayant vaguement la forme d’une soucoupe renversée, telles les piscines municipales d’alors, mais fait de barreaux d’acier.
Derrière la cité, les trains passaient, ce n’étaient que des trains de marchandises.
Nous y étions, on ne pouvait pas aller plus loin, ni dans le temps ni dans les lieux, l’Est se refermait sur nous, avec son grand air d’ennui, ces journées éternelles, infinies, interminables, cet ennui si puissant qu’il vous tétanisait, vous sidérait. »
BIOGRAPHIE
Julien Thèves est né à Strasbourg et vit à Paris. Il écrit dans Le Monde et produit des documentaires sonores pour France Culture. Il a reçu le prix Marguerite-Duras en 2018 pour son roman Le Pays d’où l’on ne revient jamais paru chez Christophe-Lucquin Éditeur. Il a également réalisé un film avec Vincent Dieutre (Temps morts, 2022).
-Crédit photo Julien Thèves : © Muriel Lacalmontie
Rencontres avec Julien Thèves (PARIS - METZ):
À l'occasion de la parution du roman Ils étaient de l’Est, Julien Thèves sera en dédicaces à Paris :
-Mercredi 2 avril 2025 à 19 H, à la librairie À L'Ouest, 15 rue de l'ouest, 75014 Paris
-Vendredi 11 avril 2025 à 19 H, à la Librairie Michèle Ignazi, 17 rue de Jouy, 75004 Paris
Julien Thèves sera également en dédicace au 38e Festival Le Livre à Metz sur le stand de la librairie Autour du monde du vendredi 4 avril après-midi au dimanche 6 avril 2025.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Festival Le Livre à Metz, Place de la République, 57000 Metz
03 87 20 05 05
contact@lelivreametz.com
lelivreametz.com